Y eut-il jamais une voie belge au socialisme ? En dautres termes, leurocommunisme fut-il la grande occasion ratée dadapter aux conditions dun pays occidental développé la doctrine qui avait enflammé les bolcheviks russes ?
Comment cette nouvelle offre politique, portée momentanément par une vague internationale, ne réussit-elle pas à trouver preneur dans les conditions particulières de la Belgique, laboratoire politique qui vit naître et prospérer à partir des années 70 des initiatives inattendues. Face à lultra-libéralisme, au socialisme gestionnaire et à la décléricalisation des masses chrétiennes, une redistribution des cartes semblait possible.
Leurocommunisme peut se lire, notamment, comme le douloureux arrachement au père. Mais cette lecture ne peut être univoque : leurocommunisme, terme dont les créateurs sont incertains, eut autant de significations que dacteurs. Les analystes superficiels, les journalistes pressés, les commentateurs rapides rangèrent sous cette appellation diverses formes d« hétérodoxie», tant ils étaient peu à même danalyser les spécificités des communismes, nayant pour ce faire le plus souvent que la grille confortable du monolithisme et de ses hérésies.
Leurocommunisme fut en réalité la réponse ébauchée par les partis communistes aux conditions de la décennie 70, avec leur culture propre, fruit dun passé spécifique. Chacune de ces réponses rencontra son opposition, souvent farouche et tranchante, mais le plus souvent mue par des motivations fort dissemblables.
Sommaire :
Préface (José Gotovitch) Introduction (Nicolas Naif)
1. De la participation gouvernementale au congrès de Vilvorde (1944-1954) (pp. 25-40)
La Libération et lentrée au gouvernement ; La Guerre Froide ; Le congrès de Vilvorde, un tournant décisif ?; Quelle fut la portée du XIème congrès ?
2. Une voie belge au socialisme ? (1954-1967) (pp. 41-82)
L«inoubliable» année 1956 ; Le Mouvement Communiste International en crise ; Le XIIIème congrès du Parti communiste de Belgique ; La «Grève du siècle» ; La scission grippiste ; Une embellie ? ; Le XVIème congrès, les socialistes et la démocratie ; «A propos dun procès» ; Un parti belge ?
3. Le Printemps de Prague et la crise du Mouvement Communiste International (1967-1969) (pp. 83-106)
La conférence de Karlovy Vary (avril 1967) ; Le Printemps de Prague ; Mai 68 et les communistes ; Le congrès dOstende : solidarité et critique ; Les conséquences de lexpérience tchécoslovaque ; La conférence mondiale de Moscou ( juin 1969).
4. Le Rassemblement des Progressistes (1969-1974) (pp. 107-128)
LAppel de Léo Collard ; Le XXème congrès du PCB ; Les promesses de lUDP ; Le modèle français ; Lunité du parti en danger ?; Le destin de lUDP.
5. Une voie nouvelle au communisme ? (1974-1976) (pp. 129-146)
La conférence de Bruxelles des PC dEurope capitaliste ; Les dissensions ne sont pas apaisées ; Gramsci en question ; De Lisbonne à Helsinki.
6. La longue route vers leurocommunisme (1976-1978) (pp. 147-208)
Un nouveau concept ?; « Notre Parti et lUnion Soviétique » ; Le PCF et le socialisme aux couleurs de la France ; Le XXVème congrès du PCUS ; La rupture est-elle consommée ? ; L’eurocommunisme sur les fonds baptismaux ; La conférence de Berlin (juin 1976) ; Critiques plutôt que solidaires ; Le sommet de Madrid (mars 1977) ; « Eurocommunisme et état » ; Ce qui change en Flandre ; « Leurocommunisme est une réalité positive ».
7. Une pratique de leurocommunisme ? (1978-1981) (pp. 209-236)
La dissidence et leurocommunisme en question ; Leurocommunisme devant le XXIIIème congrès du PCB ; Les dernières illusions de leurocommunisme ? ; Le PCB vu de lextérieur ; Détour par lAfghanistan ; La révolte des eurocommunistes ; Les interrogations flamandes.
Epilogue : Les dernières illusions (pp. 237-244)
Conclusions générales (pp. 245-256)
Annexes (pp. 257-271) Notes (pp. 273-327) – Index (pp. 329-336) Bibliographie (pp. 337-356)